Le billet de Clairis


2006

Samy et ses amis

Roberto de Brasov Old Fashion Jazz Band Kleztet Quartet
Gone with the swing David Evans Christian Brun Trio Yapa Quartet
Caroline Nin Dirty Linen Trio Belinsky Trio

 

SAMY ET SES AMIS 21 janvier 2006

"Samy et ses amis", un programme au swing festif et humoristique qui oscille entre Django et Fred Astaire.
Samy Hassid, leader du groupe, crooner en costume des années 30, chante la parodie avec talent avec des titres tels que : "Je veux des chips" ou "Japonaises à Paris", puis délaissant sa guitare, utilise un instrument singulier tel un kazoo ou même un paquet de chips pour un chorus original.
Entouré de Fréderic Loizeau, guitariste et chanteur, qui interpréte, entre autres, une de ses chansons écrite avec Romane ; de Mathieu Bloch remplaçant au pied levé la contrebassiste Moïra Montier-Dauriac indisponible pour la soirée ; et bien sûr de Philou, dans une tenue proche de son leader, qui entre chant, balais et claquettes révéla tous ses talents avec dynamisme et bonne humeur. Il n'hésite pas à aller et venir de la scène à la salle délaissant sa rythmique instrumentale pour des jeux de claquettes spectaculaires.
Après deux rappels, un final inattendu ravit le public, avec "Vous oubliez votre cheval" de Charles Trenet", interprété à capella par Samy et accompagné par un bruitage de sabots magistral réalisé aux claquettes par Philou.


ROBERTO DE BRASOV 25 février 2006

Ils sont quatre sur scène, ou plutôt cinq, selon que la brune Natalia les rejoigne ou non. Du quatuor instrumental, deux sont un peu plus dans la pénombre, non pas parce qu’accessoires, car leur rythmique est là, présence efficace mais discrète de la trame qui portera les mélodies, tant qu’on les oublie peu à peu : il y a là Nelu le guitariste et Sebastian le contrebassiste… Des pros qui savent mettre en valeur le jeu brillant des deux autres compères. Car le spectacle est devant, en pleine lumière, avec Fritz, à la clarinette et Roberto, l’ancien jeune prodige de Brazov, cette ville au pied des Carpates, non loin du château du comte Dracula… Maturité et décontraction, bonhomie et contact facile. Et, pour les deux, une grande complicité et du talent à revendre. L’extraordinaire est que la virtuosité et la sensibilité des musiciens fait oublier là encore leurs instruments. Y-a-t-il une clarinette ? Peut-être ! Et un accordéon ? On en douterait presque. Car la mélodie seule compte, brillante, subtile, sensible. D’inspirations diverses, roumaine, tzigane ou orientale, elle vous prend et vous emporte, invitation au voyage, des rives du Danube à celles de la Mer Noire et du Bosphore, dans une vitalité et une énergie jubilatoire, passant avec aisance de la mélancolie à l’allégresse, dans des ruptures de tempo qui laissent reprendre son souffle… On se laisse prendre dans les dialogues brillants des deux instruments, qui décrivent les paysages ou expriment les sentiments. Au travers de la voix de Roberto, qui scatte avec un brio jazzy, mais surtout de celle chaude et suave de la Natalia la russe, scandée par les claquements de mains du public, on se laisse porter par le vent de liberté : ce vent qui descend de la montagne et parcourt la plaine au gré des herbes folles ou des feuillages frémissants et qui, parfois, lorsqu’il rencontre un village, enjoint les villageois à entrer en danse, dans la volupté des corps qui épousent la mélodie. Musique nomade qui exprime le cœur, qui parle au cœur, nostalgique ou jubilatoire, et qui vous entraîne inévitablement dans la farandole.
Ce soir là, à la Cave du Jazz de Lorrez, ce fut un grand moment d’échange et de partage. On n’oubliera pas, jointe au talent des musiciens, la chaleur communicative de Roberto de Brasov. De même que les ovations d’un public, debout pour réclamer les rappels, dont “Les Yeux Noirs”, demandé par un spectateur, que la voix ample et inspirée de Natalia sut magnifiquement exprimer…


OLD FASHION JAZZ BAND 11 mars 2006

Pas moins de sept musiciens sur scène pour évoquer, devant un public n’ayant pas hésité à affronter froid et grésil, un jazz traditionnel qui, de Duke Ellington à Louis Armstrong en passant par Bechet, Smyder, Fats waller et bien d’autres, sait réchauffer les cœurs et chauffer les salles. Avec, autour de Patrick Richard, leader et pianiste du groupe, Yves Gioanni au trombonne, Pierre Le Maistre à la trompette, Frank Deniz au sax tenor et à la clarinette, Philippe Ormancey à la guitare et au banjo (sans oublier sa voix), Philippe Forestier à la contrebasse et Pierre Patrigeon à la batterie….
De grands standards New Orleans, enveloppés d’une bonne humeur communicative due à Patrick, bien sûr, mais aussi à Philippe, qui, lorsqu’il ne joue pas de ses instruments, s’exprime par un mime irrésistible ou des scatts vibrants d’onomatopées bien rythmées.
Une soirée fort appréciée qui, sous la pression d’applaudissements nourris, se termina sur un final – le “That’s a plenty” de Pollack – où chacun put mettre en valeur son talent musical.
À une autre fois donc, avec Patrick Richard et le Old Fashion Jazz Band ou encore le Classic Jazz Connection qui, déjà avait ravi la Cave en novembre dernier.


KLEZTET QUARTET 01 avril 2006

La musique Klezmer nous plonge dans un univers bien différent de celui du jazz new-orleans, disons, du jazz tout court, bien que par certaines facettes il puisse s’y apparenter… Mais son atmosphère si particulière, teintée d’un humour omniprésent, la rend particulièrement attachante. D’origine yiddish, elle accompagnait les mariages et les fêtes juives, avant que d’être présentée sur scène par des groupes tel le “Klez Têtes Quartet” d’Alain Karpati, clarinettiste, leader et fondateur. À ses côtés, des musiciens de talent, qui savent magnifiquement construire une musique chantante, aux accents colorés et où le cœur s’exprime dans ses profondeurs cachées, virevoltante ou nostalgique selon les instants… Ainsi le jeu subtil de Thierry Mouton-Baranovsky à l’accordéon, celui sensuel de Julien Blanchard, qui sait donner à sa contrebasse des sonorités de violoncelle, et les percussions toutes en finesse de Jean-Marie Vandergooten. Le voyage en Yiddishland se fait souvent en compagnie d’un certain Shlemiel, “taxi” de son état et héros de fables, qu’Alain évoque, lorsqu’il ne joue pas de ses clarinettes, avec un art des plus savoureux, ponctué des répliques de ses acolytes Julien ou de Thierry. C’est ainsi que chaque morceau interprété est introduit, par une historiette empreinte de poésie et d’humour qui donne le ton, qui crée l’atmosphère, qui donne toute son originalité au voyage. Alors, on se laisse emporter dans des paysages de complaintes et de brumes légères où parfois on flâne et on rêve, où parfois on danse lorsque la lumière s’impose…
Et c’est l’occasion de découvrir des instruments nouveaux, comme une clarinette basse ou un “udu”, sorte de vase aplati en terre cuite troué offrant des percussions aux sonorités surprenantes.


GONE WITH THE SWING 06 mai 2006

Gone with the Swing, autant emporte le swing, sur la mythique highway 61, la route américaine des grands du blues et du jazz, qui mène de New Orleans à Chicago. Nous voici en compagnie de Stéphane Lébé, au piano et leader du groupe, de Denis Morin, à l’harmonica et à la guitare, de Dan Inger, à la batterie mais aussi à la guitare, et de Claude Mouton à la contrebasse… Les trois premiers donneront aussi de la voix, tandis que Claude, un peu à l’écart et discret, caresse voluptueusement son instrument… Et nous les suivons sans peine, conquis par un trajet plein de chants et de rythmes, où la maestria de Stéphane le conduit parfois à jouer debout, accompagnant le jeu endiablé de ses mains du renfort d’un pied ! Comme pour se distinguer, alors que le groupe rencontre une autre voyageuse, qui fit la surprise de monter sur scène : Suzanna Bartilla.
On conservera du voyage de belles images de cette route, découverte par ces artistes de talent, voyage dans le temps aussi, du printemps du Jazz à l’automne évoqué par Suzanna au travers de la magnifique chanson des “Feuilles Mortes”.


DAVID EVANS 16 juin2006

De nouveau la Highway 61 ou encore la Highway 66, que parcoururent les grands bluesmen du delta, pour fuir la pauvreté et cèder au mirage de la ville… Et c’est David Evans, le grand spécialiste, professeur à l’Université de Memphis, qui, avec guitare et kazoo, vint évoquer de sa voix chaude ces musiciens d’un autre temps, pour qui le chant était arme de survie et expression de l’âme. Dans ce blues authentique, marqué par la souffrance ou la désillusion, l’harmonie a moins d’importance que le phrasé, avec ses vocalises traînantes, les sons lancinants, et surtout les paroles qui peuvent être tragiques, ironiques ou moqueuses… La participation de l’ami Fred, l’un des membres actifs de la Cave, en traduisant les chants, permit de goûter tout le sel des paroles, parfois porteuses d’allusions souvent grivoises, signes de dérision dans une vie sans beaucoup d’espoir… Il est vrai que les thèmes évoqués s’appuient sur le vécu quotidien, s’attachant aux petits riens qui meublent l’existence et habillent les rêves, ou sur la nécessité de partir et de tout quitter, un va-et-vient des pensées à l’image de David qui alterne durant sa prestation casquette et chapeau… Une évocation qui s’appuiera également sur un blues contemporain, “War Time”, qui évoque d’autres drames, comme cette guerre en Irak et ces jeunes soldats qui y perdent leur vie…
Un grand moment de vérité, en compagnie d’un grand du blues, et qui montre que ce blues qui décrit si bien la vie passée des noirs du delta ne peut vieillir, qu’il est toujours d’actualité, avec la même force, avec la même souffrance et, quelque part, une toute petite lueur d’espoir.


CHRISTIAN BRUN TRIO 02 septembre 2006

Au cœur de la rencontre de la rentrée, ce 2 septembre, des musiciens d’expérience, qui excellent dans la maîtrise de leur instrument, ainsi à la guitare, comme Christian Brun, le leader, à l’orgue hammond, comme Philippe Petit, et à la batterie, comme Charles “Lolo” Bellonzi.
Que dire alors d’un tel trio, apte à proposer un superbe voyage au pays du swing, de surcroît au rythme de grands standards qui évoquent des hommes tels que Cole Porter, Django Reinhardt, Stan Getz, Marvin Fischer ou Duke Ellington !… Une soirée de fête, inscrite dans la fluidité de l’orgue, la virtuosité de la guitare et la vivacité précise de la batterie. La magie naît de l’osmose du jeu des musiciens, dans de grands moments orchestraux qui tels un grand vent vous entraînent dans leur souffle, mais aussi de l’alternance d’instants où ne subsiste plus qu’une brise légère, où chacun peut donner la mesure de son talent dans la présence attentive des autres en accompagnement discret, et où les dialogues s’installent à la perfection entre guitare et orgue notamment. Et l’on ne peut que vibrer à l’écoute de titres évocateurs comme “In a sentimental mood”, “Summertime”, “When sunny gets blue” ou encore “Caravan”, une interprétation inventive et originale, avec de petites touches orientales qui font fantasmer l’esprit.
Si “Lolo”, pour venir à la Cave, mit plus de six heures de route, et malgré sa fatigue, le trio ne peut refuser au public un “Blue’n boogie” fort apprécié.


YAPA QUARTET 16 septembre 2006

Le Yapa Quartet, c’est une rencontre, celle de musiciens des plus sympathiques, où la jeunesse cède à la passion. Ils se disent venir d’horizons musicaux divers : latino-jazz, blues, folk-rock, reggae, flamenco,… et c’est vrai que cette fusion des genres donne toute son originalité à un répertoire à nul autre pareil. La musique de Yapa, c’est une musique qui leur est propre, composée par eux, interprétée par eux, avec la vitalité d’une bande de copains qui ont envie de partager, entre eux, bien sûr, le plaisir de jouer, avec une complicité manifeste, mais aussi de partager leur enthousiasme avec le public. Et le résultat est superbe.
Il y a là sur scène, de gauche à droite, les guitaristes, Simon Chenet, Fabrice Bourguignat et Christophe Combet, dont les doigtés experts font vibrer des cordes chantantes dans la pureté des notes, la fluidité des accords et l’harmonie de mélodies colorées et voyageuses. Car tout cela vous emporte dans des paysages qui leur sont intérieurs mais que chacun d’entre nous peut ressentir avec son propre tempérament et avec une force accrue…Et puis, il y a la rythmique de Xavier Hamon, grand par la taille et le talent, donnant le tempo, tout en générant des sonorités extrêmement riches, alternant dans son jeu finesse, subtilité et vigueur. Que de qualités, dans ce groupe !
Nombre de morceaux empruntent au “Chroniques d’Endoo”, le dernier disque, titre évocateur d’un ailleurs, d’un dépaysement, qui fut en fait un grand partage d’amitié, ce 16 septembre, à la Cave du Jazz.


CAROLINE NIN 14 octobre 2006

On peut être grande dame du cabaret et du jazz, avoir parcouru le monde et s’être produite dans les lieux les plus prestigieux, et posséder ce charme simple et naturel du contact direct qui enrichit la rencontre. Immédiatement, on est conquis par la femme bien avant que de l’avoir écoutée dans son répertoire, sur la scène, là où elle excelle : avec une aisance incomparable, ondulante et sensuelle par son corps, voluptueuse par ses sourires et sa mobilité gestuelle qui épouse la mélodie et, bien sûr, sa voix unique… Une voix de grande amplitude, chaude, qui transporte au gré des textes et des scats dans une atmosphère chaque fois renouvelée. Il faut la voir, le buste souvent penché vers le public, se révéler et se donner, par le chant mais aussi par la confidence et l’humour, évoquant ici sa “Lush Life” passée, lorsqu’elle avait vingt ans – “sa vie de patachon“, comme elle dit, là son apprentissage musical et la rencontre avec Spanky Wilson : “A time for love”. Une évocation intimiste comme si cela s’adressait à chacun. Et l’émotion plane au travers de cette présence exceptionnelle.
L’art de la séduction lui convient bien, à Caroline Nin, d’autant qu’elle sait aussi s’effacer, souvent, pour laisser place à ses musiciens. Il est vrai que l’accompagnement est au plus haut niveau, avec Chris Culpo au piano et Gary Brunton à la contrebasse, dans un jeu brillant qui accompagne parfaitement la voix et la met en valeur, sans sacrifier à leur propre brio, avec des solos superbes ; avec Siegfried Mandon, à la batterie, qui soutient le rythme avec finesse et subtilité. Un trio instrumental d’exception, tels nous sont apparus ces musiciens.
Et Caroline Nin, dont on sait qu’elle interprète aussi Barbara, Brel, Gréco, Legrand, Piaf, Trénet, … ne dénota pas à la Cave du Jazz, et sous ses évocations, exprimées en anglais et même en italien, l’ombre, entre autres, des Miles Davis, Sara Vaughan, et Dizzie Gillespie, sans oublier Django Reinhardt, planèrent en toute sérénité dans l’espace de la Salle Sainte-Anne de Lorrez-le-Bocage, ce 14 octobre.
“Fly me to the moon”, chanta Sinatra. No problem avec le Caroline Nin Quartet, qui fut sollicité par le public pour plusieurs rappels…


DIRTY LINEN TRIO 18 novembre 2006

Dès les premières notes, le ton est donné. Bouzouki, mandoline (ou guitare) et violon vous emportent dans un tourbillon chromatique alerte, rythmé et très “jazzy”, plus rapide que Ryan Air ou Aer Lingus pour vous déposer quelque part entre prairies et collines, entre Guinness et whiskey, dans quelque village de l’Eir, de la grande île. Sommes-nous dans le Donegal ou le Connemara, dans “la prairie du fils de Nos” ou sur la Chaussée des Géants ? Peu importe ! L’Irlande est une, avec son histoire forte et colorée et ses traditions ancestrales. Là, des villageois dansent quelque polka, et font oublier le vent qui vient de la mer et draine les nuages porteurs de pluie et de mélancolie, ou le chant de complaintes et de ballades qui marquent le temps qui passe… Au cœur du trio, Michael McDonnel, un gars de là-bas, de Kilkenny, stature forte et barbe blanche, l’œil pétillant et voix chaleureuse et généreuse, qui sait raconter… Non pas que sa ville fut à l’origine au XIVe siècle, sous l’occupation anglaise, de statuts d’apartheid, - les premiers au monde et les plus durs - qui servirent d’ailleurs de modèle ailleurs et qui sera source de bien des souffrances et de drames pour les irlandais, mais simplement la vie des gens, de ceux qui recherchent l’âme sœur, de ceux qui s’aiment et se séparent, de ceux qui s’aiment et se trahissent, du petit qui, pour la première fois, les pieds nus, va à l’école, de celui qui, plus tard part s’engager, et courtise celle qu’il ne reverra plus… Pour raconter les choses tristes, il y a beaucoup d’humour chez Michael, d’irrévérence et même de provocation contre le puritanisme local, comme ce conseil à ces filles, séduites par des garçons qui veulent partir à la guerre et qui reprochent : “Maintenant que tu as conquis mon cœur, tu vas partir !…” Et lui de conseiller : “Vous, les filles qui voulez croire à l’amour, marriez-vous entre vous !”
Et pour accompagner la parole, il y a le bouzouki de Denis Laffont et le violon de Céline Rivaud. Des artistes exceptionnels qui ne sont pas de culture celtique, mais qui en ont épousé la profondeur. Un trio fusionnel, magnifique.
Lors de quatre rappels, dont le premier sera imposé par Michael, pour éviter une éventualité d’un non-rappel bien improbable mais qui est toujours source de frustration tant pour les musiciens… que pour les spectateurs, notre barde évoquera l’hospitalité irlandaise, au travers de ce voyageur qui, au moment de quitter le cottage où il avait été accueilli, dira : “Si Dieu le veut, je reviendrai bientôt chez vous”, et de conclure : “C’est notre souhait”.
Le nôtre aussi.


BELINSKI TRIO 16 décembre 2006

C’était en 1956. Je m’en souviens, je faisais alors mes études à “Henri IV” quand il rejoignit Paris, fuyant le régime soviétique. Il était hongrois, d’origine tzigane, et était entré à neuf ans à l’académie Franz Liszt de Budapest. Il s’appelait Györky Cziffra. Un virtuose du piano, avec des interprétations magistrales de Liszt, Chopin, Schumann, Beethoven… Une révélation. Un plaisir fou !
Pourquoi évoquer cela ? Parce que l’invité de ce 16 décembre à la Cave du Jazz, le guitariste Frédéric Belinsky, c’est le même talent, la même virtuosité, avec un autre instrument et dans un autre registre, celui du jazz. Un artiste doué pour s’approprier un swing manouche que n’aurait pas renié Django Reinhardt, car capable d’en magnifier l’esprit, la vitalité et la flamme. D’autant que Belinsky, c’est une expression musicale au toucher et au phrasé exceptionnels, riche et subtil, souvent acrobatique mais maîtrisé, où les notes, dans leur plus grande pureté, écrivent des mélodies souvent connues, qui chantent dans les têtes, mais là renouvelées. La musique nomade, au travers de thèmes des plus variés, d’“Orphéo Negro” à “Nuages” ou “Minor Swing”, vous entraîne dans des paysages musicaux que l’on croyait connaître, mais qui apparaissent nouveaux et vous enchantent comme à la première fois.
Quel plaisir immense donc, à cette écoute, qui ne m’a pas seulement replongé dans des émotions de jeunesse, mais qui a ravi, à n’en pas douter, le public de la Cave.
Il faut ajouter qu’en accompagnement de ce jeu superbe, il y a des musiciens de choix : Ramon Galan, guitare solo et rythmique, et Simon Teboul, contrebasse solo et rythmique… Des artistes de talent, en totale osmose avec le maître, mais pas simplement en support de la mélodie. Chacun, à son tour, s’exprimera, sous le soutien des autres, offrant des moments également intenses. Un grand partage de passions entre ces musiciens d’exception et un grand partage d’émotions avec le public.
Témoin le final à la cave, car il fallait bien que la soirée se termine, où le dernier morceau programmé suscita un bis ovationné, public debout.