IN FINE quartet
Samedi 18 mai 2019

Étienne BRACHET : batterie
Christian DUPERRAY : Basse
Jean Bernard DETRAZ : Piano
Jean-Michel HURÉ : Guitare

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C'était comment ?
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Photos : Valérie CARREAU




quand on aime on ne compte pas. Vidéos Jean-Michel MOREAU

C'était comment ?

Mon oncle d’Amérique

Jean-Michel Huré s’en revient des Amériques où depuis avoir participé aux premiers jours de la Cave du Jazz, il y a vécu, joué, travaillé. Il nous revient avec un groupe vierge de tout spectacle, de toute représentation même si ces musiciens chevronnées se connaissent depuis fort longtemps ; In fine est son nom, ce qui prendrait à contre-pied le sentiment ressenti d’une pensée sur l’origine des premières fois et a fortiori le temps qui passe.

L’exil doré provient des allégeances rêvés depuis l’enfance. Pas de reprises – l’ensemble du groupe participant aux compositions personnelles - mais tout en souvenirs, ce qu’un musicien doit à ses pairs admirés et à un pays fantasmé qu’il est parvenu à gagner géographiquement et professionnellement. Comment un musicien a pu assouvir ses rêves est toujours admirable, pas de regrets, de défaites, mais un accomplissement artistique qui guide une vie et lui donne sens. J’aime ceux qui concrétisent leur rêves et interpellent les amis dans le public pour en rendre compte. Le voyage est ainsi une fidélité à ses admirations et idéaux de jeunesse. Il n’y aura pas de trahison de soi ni même d’oubli, un morceau en fera foi en rappelant aussi l’enfance Nemourienne dans les années 60 du leader d’In fine. Il ne s’agira pourtant pas d’aveu mais du portrait d’un excentrique nommé Mr Chopin, figure de ses peurs anciennes. L’instrument confessera les petites mythomanies de l’enfance.

Pareils seront évoqués le Minnesota et la Californie en quelques mots mais c’est la traduction musicale qui prévaut. « Pourquoi c’est toujours moi qui parle ? » lancera Jean-Michel Huré qui semble plus à l’aise avec son instrument que par la parole. D’une voix mal assurée il entreprendra même de chanter les premiers vers d’Here, there and everywhere, une chanson des Beatles en attendant que son invité en fin de set prépare son saxophone. Tout est dit : les goûts de l’enfance, le rapport mal assuré au chant – plus tôt son pianiste ira même jusqu’à nous préciser malignement le titre d’une de ses compositions, le champs secret, pour intelligemment nous faire penser le chant et son absence - son fantasme peut-être. Et puis c’est l’instrument qui reprend ses droits, c’est avec brio que la guitare parlera et par un simple signe de va-et-vient de la main le concert s’achève par le dialogue instrumental entre les deux musiciens. Le guitariste d’In fine s’est accompli dans sa quête d’un ailleurs mais aussi surtout dans sa propre substitution en son instrument.

Transposé, Jean -Michel Huré est une guitare en fines touches juxtaposées qui contrecarre une auto-définition de leur jazz laissé dans un flou très ironique pour mieux imposer une musique tout en netteté, sans aucun brouillard atmosphérique. Remémorons nous Jean Luc Godard - « Il faut confronter des idées vagues avec des images claires » ou encore De Kooning - « il serait catastrophique de nous définir » - et In fine semble alors de la même famille de pensée. Un jazz inclassable, fruit des goûts de l’enfance et du vécu le plus maturé qui ne laisse pourtant place à aucunes imprécisions.

Fletcher Christian, le 19 Mai 2019





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