Stéphane HUCHARD "cultisongs" Trio
le samedi 16 mars 2019

Stéphane GUILLAUME : saxophones, flutes,
Thomas BRAMERIE : contrebasse,
Stéphane HUCHARD : batterie.

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C'était comment ?

Presse

 



 

Photos : Valérie CARREAU


Vidéos et montage : Jean Michel MOREAU

C'était comment ?

Et le Stéphane HUCHARD "Cultisong's trio" s'invita à la Cave du Jazz ! C'était à priori un événement, ça l'est d'autant plus après la très belle performance de ce Samedi 16 Mars. Auréolés de carrières performantes, 'ils nous viennent avec un tout nouvel album off off Bradway. Ils reprennent une ancienne musique au succès planétaire, celle de Broadway.

À trois ou comment se mettre en danger : le trio appelle à une certaine intimité. C'est un pari d'autant plus paradoxal que la référence offerte, ici Broadway, provient de grands orchestres. Partir du spectacle pour comme le refuser, moduler ce qui par individuation il en restera, voilà le projet. Comme ont existé le surréalisme, le sur western hollywoodien, le postmodernisme et tous ses dérivés actuels, ce trio invente le sur Broadway ou le post Broadway qui consiste a brouiller les cartes et pistes du moderne et ce qui est aujourd'hui passé dans l'inconscient collectif ; tout ces standards par eux très ciblés, mais à l'exception de Cole Porter tous à la limite de l'anonymat, seulement présentés par leur seul titre comme s'ils se devaient d'être reconnus, sifflés, claqués du doigts pour mieux pourtant leur imposer un arrangement tout personnel.

Pas de voyage, de tourisme, de pédagogie car nous sommes « dans le pays du jazz » comme me le soufflera à l'oreille, au beau milieu du set, le président de la cave du jazz, comme aux anges. Oui, au creux du pays même. Tout comme par exemple François Truffaut défendra Alfred Hitchcock en arguant du fait que ses lieux touristiques était en fait le pays du seul cinéma, qu'il n'y avait donc pas lieu de lui reprocher leur caractère public, commun. Ainsi soit le pays du jazz dont le propre était à l'époque sa propension collective et son emprise réussie sur notre inconscient, réarrangés ici par des hommes seuls et intempestifs. Ils sont esseulés dans leur amitié élective et leur rapport spécifique à l'instrument..L'hypothèse est  : comment à partir des orchestres à succès d'hier on parlerai de l'humain via un instrument jamais vraiment poussé à la virtuosité mais doué du seul talent de la maîtrise et du goût. Quoi de plus humain que cette concentration faite de bois et de silence représenté par le contrebassiste Thomas Bramerie qui tire de son instrument ce qu'il y a de plus spécifique, assez loin des orchestrations originales.

Brouiller les cartes du classique et du moderne c'est déjà pointer l'une des intentions dans Broadway même ;sonner comme une vieille chanson alors qu'elle était tout à fait originale et contemporaine...Se résumant à eux trois, ce beau trio s'arrange de ce trouble et le dépasse par ce qui paraît définir une postmodernité, ce qui succède au succès. Pas d'appel du pied vulgarisateur, Stéphane HUCHARD "Cultisong's trio" ne sont pas des médiateurs chargés de nous faire passer le message de leur attirance musicale afin de profiter de la mémoire de sa mélodie pour une facile réjouissance. L'absence de chant remplacé par l'instrument nous signifie assez bien l'exigence du projet quand bien même le fantôme de Marylin Monroe viendra érotiser leur saxophone. Entreprise rimbaldienne je dirais plutôt ; partir de ces chromos populaires dédaignant le bon goût, pour le Stéphane HUCHARD "Cultisong's trio" la chanson d'amour orchestrée mais comme débarrassée de ses mots, de ce quoi on parle pour en préserver l'essentiel, l'intention amoureuse. Qu'est ce qu'une chanson d'amour sans mots, dont le batteur Stephane Huchard égrènera la banalité des thèmes comme s'il fallait en retenir l'esprit le plus simple, le plus commun ?.La modernité n'est pas seulement rupture et accompagnement d'une époque, c'est aussi ce qui tronque spécifiquement tout en succédant à l'ancien.Une chanson d'amour sans mots c'est pour le Stéphane HUCHARD "Cultisong's trio" une modernité individuée c'est à dire d'abord un ressenti universel puis ré accouchée pour son propre compte. Boadway rendu plus qu'humain ! Pour cela, il leur sera adressé un très grand merci !

Fletcher Christian, le 17 Mars 2019

 





Éclaireur du Gâtinais (03/2019)

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