PADDY SHERLOCK

Le samedi 14 décembre 2019 21h

Paddy SHERLOCK : trombone et voix
Brahim HAIOUANI : contrebasse
Stan NOUBARD-PACHA : guitare
Jean Philippe NAEDER : percussions

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Presse
 


Photos : Valérie CARREAU


 

 

 

Vidéos : Jean-Michel MOREAU

C'était comment ?

Paddy Sherlock quartet, simply cool

Coolin Live Night ! : L'espace d'un soir La Cave du Jazz est devenue un au lieu, loin de l'intellectualité de St-Germain des prés au plus proche des clubs ou des pubs populaires. Le Paddy Sherlock quartet a investi, tranquillement, Lorrez le Bocage avec la classe qui le caractérise pour célébrer l'union entre le swing, le new Orleans et...le folk irlandais !  « Pour moi, le jazz est une musique du monde, une musique folk », voilà la devise qui n'est pas une formule tellement elle recouvre un éclectisme assumé, difficilement étiquetable, loin de tout radicalisme. Tout en feeling et souplesse, félin et danseur le Paddy Sherlock quartet ne se raidira pas dans ses positions, il est swing c'est a dire un genre devenu depuis longtemps universel.

ET c'est cette universalité que vise Paddy Sherlock jusque dans son particularisme culturel. Car dublinois d'origine il fait sien les propos de Jean Renoir ; on ne pourra toucher l'universel que par le particulier. Rien de régional, de conservateur pourtant mais pas de place non plus au voyage, à l'autobiographie, mais un aveu furtif « Sans cette musique et ce poète irlandais je ne serais pas ici » Musique du monde certes mais non démonstrative, non pédagogique….on ne saura jamais ce qu'est venu faire ce dublinois en France, jouer avec des français sa musique volontairement mêlée. Seule la musique répondra à ce mystère et sa propension à déclencher l'émotion par son entertainment impressionniste (par là on comprendra un divertissement par un spectacle fabriqué irréprochable et encore une fois universel …) se mouvant dans le swing si on ne le précise toutefois pas seulement comme du jazz. Il contient certes, plusieurs éléments de celui-ci, mais il est également une combinaison de musique dansante et de chansons connues.

Mais qu'est-ce qu'une reprise ? Comment la légitime-t-on ?C'est seulement après une première partie de set entièrement dédiée aux compositions personnelles du leader assumé du quartet qu'elle advient. Et ce sera pour un ami musicien décédé l'année dernière. Aucune tristesse ni affectation, le morceau sera tout aussi enlevé que les autres. Voilà le premier sens des circulations d'influences, l'hommage aux morts qui se doivent plus vivants que les vivants. Suivront un plus grand nombre de standards à partir de cette situation première. Le swing y contiendra toutes les influences de Paddy Sherlock, il les feront danser avec beaucoup d'accentuation sur le rythme. Témoin l'aisance aérienne avec laquelle il reprendra Dirty old town, chanson folk popularisé par les groupes irlandais des Dubliners et des Pogues mais à l'origine provenue de la ville de Salford en Angleterre !

La légèreté, voilà le mot d'ordre s'il en est un : pas celle du consommateur mais celle de l'artiste qui « danse dans ses chaînes » comme a pu le dire brillamment Nietzsche, la légèreté issus de la maîtrise, et celle surhumaine du rire, ou du sourire. Car encore une fois à La Cave du Jazz on prend le parti de définir le jazz comme un art du bonheur. Paddy Sherlock ne s'embarrassera pas avec l'existence, la lourdeur tripale, l'affectation, il chante Manon en français , les femmes et l'amour… Paddy Sherlock impose son chant mais se cache aussi étrangement derrière l'extrémité circulaire de son trombone new orleans. C'est que la musique populaire ne supporte pas l'individualisme et rappelle vite ses virtuoses au collectif.

Mais place au chant donc ! Ce dont on nous avait peu très peu habitué à la Cave du Jazz. Et pareillement nous avons à faire à une voix inclassable, ni voilée, ni gutturale mais bien irlandaise si l'Irlande avait préféré la limonade à la bière ! Pour Paddy Sherlock rétif à tout communautarisme et préfère le côté bon enfant du tout pour tous, ce sont les autres qui boivent lui se contentera de nous faire ressentir l'atmosphère des clubs et des pubs et cette fenêtre en fin de nuit que l'on ouvrira. Très certainement cet air frais de fin de set ont dû être ressenti par le public et les bénévoles de la Cave du Jazz puisque après un boogie-woogie interpellant les prémisses du rock tous se sont levés pour une ovation méritée, celle de véritable amateurs pour une musique populaire exigeante. Paddy Sherlock en ces temps troublés d'inquiétudes mortifères ont apporté un vrai « Cool fresh air«  à l'image de ce qu'ils sont : simply cool.

Fletcher Christian le 15 Décembre 2019

 

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