Bang Blues Trio
samedi 23 avril 2021

Marten INGLE : basse, chant
Laurent HESTIN : guitare
Mathias BERNHEIM : batterie
Gabriel ARNON : choeur

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C'était comment ?
Le mot de CLAIRIS



Photos : Valérie CARREAU


Le mot de CLAIRIS pour la CAVE DU JAZZ 250e

Après une longue absence, je me trouvais de nouveau à la Cave du Jazz, ce samedi 23 avril, invité avec mon épouse, Maïté, pour fêter le 250e concert !
Un chiffre incroyable pour nous lorsque notre regard se replonge dans le passé, alors que l’idée s’était faite jour, il y a bien des années, de vouloir offrir au public des spectacles musicaux réguliers, pour animer en ce domaine notre Sud Seine et Marne, constatant que sa ruralité le mettait en marge de l’activité culturelle forte de la zone nordiste du département. Car s’il est vrai que si nous avions pour les visiteurs des atouts touristiques importants, forteresses et châteaux, massif forestier et cours d’eau, pour les loisirs propres des sudistes, il y avait à faire… Et ce fut d’ailleurs peu à peu, au travers de l’action de quelques passionnés : salons d’arts plastiques ou graphiques, organisés à Nemours et Saint-Pierre-lès-Nemours, à Souppes-sur-Loing et Château-Landon… Mais pour la musique festive ? Hors quelques rares événements d’importance, mais annuels, évoqués plus loin...
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Pour fêter donc ce concert notable, voici les quelques mots que Clairis donna en préliminaire aux spectateurs venus apprécier le Bang Blues Trio à Lorrez-le-Bocage, un rappel succinct de l’action initiale passée, et interférant malgré tout sur le présent d’une actualité internationale difficile et grave.
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« La Cave du Jazz est née en décembre 1998. Elle est le fait d’une association de Saint-Pierre-lès-Nemours, Jazzy 77, créée en avril 1997, soit il y a 25 ans, par un trio Saint-Pierrois amoureux de musique jazzy : Jean-Claude Billaud, l’âme du projet ; Maïté Robin, qui, fillette, a bien connu un certain… Sydney Bechet, - fêté d’ailleurs lors du 200e concert, par Olivier Franc et son quintet -. Et moi-même, troisième du trio, connu par la suite à la Cave sous l’alias “Clairis”.
Initialement à L’Auberge de la Vallée de Nanteau-sur-Lunain, la Cave réside à la Salle Sainte-Anne de Lorrez-le Bocage depuis septembre 2004.
Et c’est un grand plaisir pour nous d’être parmi vous pour ce 250e concert. J’en profite pour féliciter le président (et créateur du site de la Cave), Frédéric Drevet qui, depuis 2018 avec son équipe, fait vivre avec bonheur cette scène de la Salle Sainte-Anne, accueillant pour votre plaisir des musiciens et groupes de talent, comme ce soir le Bang Blues Trio.
Et d’ajouter, pour compléter la genèse, qu’avant la création de Jazzy 77 et de sa Cave du Jazz, très tôt parrainée par la diva américaine de New York, Manda Djinn, un certain nombre de concerts avaient été programmés, notamment à Saint-Pierre et à Nemours, pour juger de l’accueil du public local.
Il faut dire, qu’à l’époque, hors les manifestations annuelles du Festival Django Reinhardt de Samois, et du dîner-spectacle Nemours de Jazz, alors créé à Nemours quelques années auparavant (1994), le Jazz était devenu relativement intimiste dans notre région, ainsi pour le Salamander’s Jazz Band, de Fontainebleau, petite formation qui fut souvent le partenaire des premiers jours.
Jazzy 77 faisait alors figure de précurseur dans sa démarche musicale de promotion du Jazz et des Musiques du Monde, assortie bientôt d’un lieu dédié !
Voilà donc succinctement la genèse de La Cave !
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Mais je voudrais, ce soir, évoquer le 7e concert de l’association.
Ce concert avait eu lieu en l’église de Saint-Pierre, en présence d’un public nombreux, venu pour vivre des musiques traditionnelles… de la région des Carpates.
C’était le 6 Juin 1998.
Il y avait là (pardonnez-moi de la prononciation) :
Myroslav Mykhalevych, au violon ;
Pogonych Bogdan, aux kobza et violon ;
Mylovych Mykola, à l’accordéon ;
Ponayda Volodymyr, aux sopilka et flûte de pan ;
Pidperygora Zinovij, à la contrebasse.
ainsi que deux très jolies danseuses : Ekatarina Stepanova et Valoucha Sitchova.
Ce fut un spectacle superbe, qui n’est pas sans nous interpeller aujourd’hui, - et pas seulement au nom du souvenir -, mais parce que le groupe s’appelait :
LES MUSICIENS DE LVIV
Lviv, l’une des cités blessées mais encore rescapées, comme Kiev ou Odessa, du drame actuel, alors que partout ailleurs villes et villages ne sont plus que des vestiges du martyre. D’où cette pensée pour cette belle Ukraine, agressée et dévastée, en résistance et en grande souffrance…
Un pays qui fut, il faut le souligner, une terre de musique et une pépinière de talents.
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L’Ukraine fut en effet le berceau de musiciens parmi les plus grands, notamment en musique classique, comme le compositeur Sergueï Prokofiev ; le chef Igor Markevitch ; les pianistes Maria Grinberg et Sviatoslav Richter ; les violonistes David Oïstrakh et Leonid Kogan, ou encore le violoncelliste Gregor Platigorsky, pour n’en citer que quelques uns !
Y ajoutant pour leur action présente Denys Karachevtsev, qui a joué pour sensibiliser le monde, le 22 mars dernier au milieu des ruines de Kharkiv, un Prélude de Jean-Sébastien Bach. Auparavant, le 3 mars, la pianiste Irina Maniukina, avait interprété une Étude de Frédéric Chopin, avant de quitter sa maison bombardée de Bila Tserkva.
Ce fut l’objet de petites vidéos qui, aujourd’hui, chantent ou pleurent sur le web.
Comme le disait souvent Jean-Claude, le premier Président, évoquant une parole du guitariste John Pearse :
MUSIC MAKES THE WORLD A BETTER PLACE
C’est à dire : La musique rend le monde meilleur”.
J’ajouterais que c’est donc aussi la mission ce soir du Bang Blues Trio, en même temps que de nous divertir, de nous apporter un partage d’espoir pour l’Ukraine à renaître, mais pas seulement : pour notre regard sur les temps à venir. 
Bonne soirée ! »
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Et le président, Frédéric, selon son style inimitable, de présenter le trio :
Marten Ingle, à la basse et au chant ;
Laurent Hestin, à la guitare ;
Mathias Bernheim, à la batterie.
Qu’accompagnera ponctuellement la voix de la chanteuse Gabriel Arnon.
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Sans interférer sur l’évocation qu’en fera l’ami Christian Fletcher sur le site de la Cave, dans “C’était comment ?”, je dirais que, dès les premières notes, le ton fut donné, avec des sonorités exotiques portées par une richesse tonique et rythmique intense, originale, sur la voie d’un dépaysement immédiat. Une évasion de l’esprit propre à faire oublier, durant quelques heures, le tragique évoqué, restant en harmonie avec la pensée de John Pearse.
Merci “La Cave” pour ce chaleureux 250e  !
CLAIRIS 23.04.2022

Les deux lièvres du Bang blues trio



Pour jouer à la Cave du Jazz, il faut savoir courir deux lièvres à la fois. Le Bang Blues trio ne le sait que trop bien. Au risque de départager notre émotion entre la gamme pentatonique des cinq notes du blues et l’élongation Jazz Rock aux solos proliférants. Marten Hestin, bassiste et chanteur du groupe assume son leadership en imposant un répertoire qui fait la part belle à la culture de son pays, qu’il quitta sans pathos ni ressentiment en 1983 pour la France. Un Américain à Paris donc, mais à la langue étrangère encore influencée par les polars navajos de Tony Hillerman. Alors la musique se fera climatique pour accompagner le récit, ce périple dans l’âme profonde du Sud des États-Unis racontée en un français certes hésitant mais sensiblement hanté par ces images d’un autre monde.

C’est dit, le voyage sera donc mental et dédié volontiers aux morts, les héros qui forgèrent ses choix musicaux, ou l’hommage plus circonstancié au chanteur Arno décédé ce même jour. Les compositions personnelles et les reprises qui toutes, exception faite d’Hallelujah du canadien Léonard Cohen et Heroes du très cockney David Bowie, feront l’objet des improvisations guitare et basse produisant de saisissants effets atmosphériques. Martin Ingle, de sa basse, répondra au plus prêt des audaces des soli aigus du guitariste Laurent Hestin : ainsi s’anamorphosant dans le temps, la construction devient état d’âme. (Sitting’on) The dock of the bay d’Otis Redding, en fin de set radicalisera encore ce projet exhaustif, marqué par des instruments qui se plieront à peindre, nostalgique, un espace portuaire et ses chants de mouettes universels aidés du sifflement et du souffle. Réminiscence, au plus humain.

Arrangement oublieux du succès mélodique par la réinterprétation aventureuse des thèmes, démarches harmoniques complexes et osée dans l’improvisation, mais aussi réalisme figuratif, pictural parfois, par naïveté volontaire toute renvoyée à la mémoire ; notre trio sait tout faire, pour encore de son Jazz Rock à la voix rauque s’agripper à son amour des origines, funambule de ses propres silences, à savoir la base shuffle du blues.

Tradition et ambition, rien de moins pour souligner le 250ème concert de la Cave du Jazz, à l’occasion magnifiquement agencé d’une exposition photographique colorée d’oiseaux de nos jardins encerclant tous le public de leur modeste et ronde présence.

Blue conference of the birds ! It’s just Rock n’roll, you know ...

Fletcher Christian , le 29 Avril 202



 



L'Éclaireur du Gâtinais (04/05/2022)

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