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Da Carmine Claire NOUET : chant |
Qui sont-ils ? |
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C'était comment ? | |
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Photos : Valérie CARREAU |
Da Carmine, incarnation naissante Et c’est par sa voix, par cet instrument qu’elle s’est choisi, qu’il se déclinera tout le long du concert. De ce chant noué à ses propres compositions émane une douceur de Fauve matissien à l’analyse vive et nette : comme le peintre, les changements de styles soudain, sur une même ligne, sont dénués de confusion. Voilà une esthétique ferme qui certainement se construisit au CMDL par affinités électives. Mais de l’habitus scolaire il faut se détacher et ambitieusement passer à l’œuvre habitée. Claire Nouet le sait qui chante le destin sur scène, même si le sien a le goût d’un « amer naufrage ». Ce « destin fantasmé » sera pourtant le support de toutes les expériences d’un voyage initiatique si nécessaire. On discerne du reste chez le pianiste Jean Saint Loubert Bié une passion musicale quasi romantique. Indifféremment au son du Fender rhodes ou du piano classique, il déroule le grand alphabet des meilleurs pianistes du Jazz moderne en donnant, convulsivement, tout ce qu’il possède en propre. Contrastant avec l’économie de mouvements du batteur Guillaume Jaboulay qui maintient dans une nonchalance maîtrisée un drive constant. L’inclination à l’introversion du contrebassiste Ethan Denis laisse, elle, deviner par le morceau Crève-coeur la sensible écoute du thème Nigerian marketplace d’Oscar Peterson marqué par le recueillement. Mais c’est bien par la vocalise qu’une orientation de cet ordre apparaît et se dessine avec la voix, posée dans le fond du temps, de Claire Nouet. Quand finit son thème, commence alors par un lâcher prise salvateur l’improvisation au chant qui promet toutes connexions. Et Claire Nouet de danser au-devant des exercices appliqués ; on la sait croire alors en qui elle est et ce qu’elle propose au monde, c’est-à-dire une volonté forte de devenir, et la naissance d’une incarnation que Meredith Monk, par exemple, porte comme un couronnement (« Do you be ? » in Key parmi tant d’autres). A 22 ans d’âge moyen, Da Carmine fait une proposition de 70 minutes sur scène, format théâtral constitué de leurs créations originales - je le répète. L’ensemble de celles-ci apporte une certaine concision : le parti pris est bien de mesurer une longueur juste. Pour la jeunesse une année peut durer une vie, cependant elle ne s’éternise pas ici et aérienne survole les influences sans faire se succéder les habituels standards du Jazz. Cyril Durand, le 20 Mai 2023 (adieu.maldone@gmail.com) |
L'Éclaireur du Gâtinais
24 mai 2023
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