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Photos : Valérie CARREAU
Vidéos : Jean-Michel MOREAU
Sun combo, voyageurs du temps
Cette nouvelle année, La cave du jazz continue d'apprendre par différents voyages mentaux inhérents au références essentielles du jazz. Il semble via leur programmation qu'une véritable politique se dessine loin des calculs et des attentes d'un public toujours dangereusement préconçu, celle du vertige temporel et culturel courant sur deux siècles de musiques jazz. La cartographie géographique cette fois s'élargit radicalement sur l'ensemble du territoire mondial, comment le jazz a pu puiser et dialoguer tout le long du siècle avec une musique populaire exigeante qui lui sert de référent admiré, de soutien.
Les invités, Sun combo, quartet français nous ont offert leur interprétation mondialiste de ce qui nourrit leur jazz : la biguine comme peut-être un véritable ancêtre, le hight life nigérian basé aussi dans les années 20, le choro brésilien qui lui remonte au XIXème siècle tout comme le boléro cubain. Comment le jazz s'est constitué et a échangé tout le long du siècle jusqu'à notre XXI ème siècle via le toujours vivant Sonny Rollins, s'encrer avec l'éternel Charlie Parker mais aussi surtout les ponts offerts avec un Fela Kuti par exemple – et là, avec la musique africaine, l'entreprise prenait un ton grave, celle de la politique et de la lutte – voilà la question. Toutes ces influences comme exhaussées par le jazz se sont donné rendez vous par passages, circulations, retours architecturés notamment par l'omniprésence joyeuse et solaire de la biguine.
Le néophyte ne peut que se laisser surprendre par une pédagogie tout en homogénéité amenée par la guitare « aïgue » de Laurent Hestin aux improvisations impalpables et le chaleureux leadership du percussionniste Jean-Philippe Naeder. Alors Sun combo réussit son pari syncrétiste, tant chaque reprises provenues pour nous de la nuit des temps, par des compositions quelquefois très actuelles de musiciens contemporains confirmées, apportés par les goûts et la culture de chacun des membres du groupe, se coulaient dans la fonte personnelle dont leur style se fortifie. Car pas ou peu de folklore chez Sun combo qui ne sont jamais rendu à Cuba, diront-ils malicieusement. L'authenticité sert de base mais n'impose rien à ces musiciens très sûr de leur technique et de leur connivence.
Leur identité ne donne pas à douter et la chimie culturelle opère si bien que personne ne s'étonnera que Laurent Hestin vienne seul en rappel nous gratifier de sa solitude de guitariste, tout en résumé de son compagnonnage, l'ensemble du groupe venant le rejoindre pour ponctuer ce beau moment de solitude, signature d'un véritable positionnement musical, profond parce que spatial : Les musiciens de Sun combo sont des voyageurs du temps.
Fletcher Christian, le 27 Janvier 2019
Éclaireur du Gâtinais 19/02/2019
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