JELLY BUMP 10 novembre 2018

Emmanuel HUSSENOT sax alto, flûte à bec, vocal et scat),
Philippe « Alfred » AUDIBERT (clarinette, saxophones),
Félix HUNOT (banjo, vocal),
Patrick PERRIN  (soubassophone, jug),
Romain PONARD (percussions, washboard, claviers, vocal).

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Photos : Valérie CARREAU



C'était comment ?

Retour au voyage, au territoires étrangers et lointains ! Jelly Bump en bon professeur assermenté réservant à la cave du jazz la sortie en avant-première de leur dernier opus.

C'est sous l'égide du fantasque Jelly Roll Morton que ces prosélytes passionnées du jazz noir de la Nouvelle-Orléans nous ont requinqué d'une triste fin d'Automne. Avec ce rien de gouaille émaillée de private jokes à sous entendu sexuels qui plaisanteraient leur propre nom de par l'argot américain, les petits bars alcoolisés, les maisons closes convenablement tues, on en viendra naturellement à quelques reprises clairement traduites de l'inévitable Kurt Weil. Jelly Bump marie le picaresque et le léger comme on hésiterait à retranscrire le dur pittoresque d'une époque et le divertissant, la pochade pastiche en culottes courtes bien parisiennes.

Par une première partie très habitée et studieuse, ils nous ont donné à ressentir, costards élégants sortis pour l'occasion, les caractères premiers de ce trajet aussi temporel que géographique. À chacun son Jelly Bump, le ludique perçait à l'occasion, de bons mots désamorçant le pédagogique jusqu'au détournement pur et simple, léger et très français. Le public s'est réjouit d'une deuxième partie plus spacieuse, libérée de l'admiration et participa pleinement aux invitations, joueuses des soli d'instruments dont on sentait bien le grand amour pour l'acoustique bien aidé par le sousaphone, la petite batterie et le banjo derrière les braves, les héros de la clarinette et du saxophone.

Pas de spectacle à sketchs pourtant – ce qu'ils ont accompli par le passé - mais la bande son très cinématographique d'une époque à l'aide de tous ses représentants semi-divinisés. Avec une modestie amusante bien entendu, Jelly Bump les réincarnera littéralement devant nous, et c'est toute une bataille musicale que l'on ressent, ses heurts et malheurs, et surtout ses parterres de fleurs à venir, de l'histoire primitive du jazz. On remonte aux origines de la foi qui ne manquera pas d'humour et la saison se replie, vaincue comme par l'effort obstiné d'un petit orchestre de jazz qui nous apporte cette joie, ce réconfort étrange issue d'une époque des plus âpres.

Alors quel est ce « jazz vivant » dont se prévalent ces musiciens promis aux serment de leurs idéaux ? Provient-il du ludique ou de la fidélité ? À écouter depuis les originaux défricheurs américains, après ce beau concert, on les découvrira sans servilité, conforme à l'esprit plus qu'à la lettre. Encore une victoire de la cave du Jazz  dont l'éclectisme de la programmation, vantée par les intervenants même, nous pousse encore à la découverte. Le lendemain, on s'entichera du fol Jelly Roll Morton de par une triste journée dominicale. Transmission, médiation ont été entendues.

Fletcher Christian

 

 

 

 

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