Marc LONCHAMPT Quartet

Samedi 20 octobre 2018

Marc LONCHAMPT (guitare),
Olivier HUTMAN (piano),
José FALLOT (basse),
Mathias BERNHEIM (batterie).

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Presse

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Photos : Valérie CARREAU



Vidéo : Jean-Michel MOREAU

C'était comment ?

Avec le Marc Lonchampt quartet nous avons eu à faire a une belle leçon artistique, créatrice ; comment l'artiste vit au monde et s'y manifeste. Les bénévoles passionnés de la cave du jazz ont invité ce soir ce qu'il y a de plus beau dans le professionnalisme.

On ne plaisante pas avec la légèreté, on est virtuose de sa plénitude et de son refus du malheur. Ces musiciens matures conscient de leur force et de leur aptitude nous ont donné à entendre un vrai enseignement de finesse et surtout de talent.

Leur jazz est donc un art de la joie, rigoureux, ne laissant aucune place à la mélancolie ou à l'affectation, mais avec le plus grand sérieux, sans aucun appel du pied comique, à l'aide d'une habileté éthérée, qui appellent au plaisir et à la reconnaissance.

Leur musique est affaire de gens qui savent l'art du divertissement américain, le trouble existentiel pudiquement réservé, c'est l'instrument qui impose sa légèreté toute nietzschéenne ou j'oserais cette analogie artistique ces explosions de fleurs de la fin de vie colorée d'Odilon Redon. Le public ne s'y est pas trompé, un respect tangible semblait ambiancer l'atmosphère de ce beau début d'automne. Nous avons assisté à un vrai concert issu de gens qui se savent et un certain public qui a fait le grand voyage pour se retrouver en belle communion.

Ces musiciens aguerris, conscient de leur technique se sont en effet recomposés et se sont découverts devant nous, basé sur un album, qu'ils ont revisité entièrement, de compositions personnelles et de standards revus et toujours corrigés par l'Histoire.Ils se connaissaient peu et circonstance oblige c'est devant le public de la Cave du Jazz qu'ils apprirent à se reconnaître, par leur aptitude musicale seulement.... c'est au détour d'une phrase que j'ai surprise, qu'on les comprend pour ce qu'ils sont spécifiquement «Nous pourrions recommencer à jouer ensemble cela nous permettrait de parler de nouveau !»

Le dialogue musical du pianiste et du guitariste qui ne se sont fréquenté que deux jours s'est opéré devant nous comme l'événement inexprimable quasi tactile d'un film de Boorman. Vous le savez cette séquence ou un touriste urbain parle, banjos fusionnés, avec un jeune autochtone et bien c'est à ce vertigineux échange que nous avons eu la grâce d'assister mais avec des musiciens aguerris ayant eu leur vécu de musique. Nous avons eu ce privilège à la Cave du Jazz d'être présent à ce grand instant créateur en ce qu'il a de plus maîtrisé, celui de gens qui vivent de leur art, avec une gravité, une réserve je dirais que seule la musique dément. C'est la beauté de l'art qui n'a jamais été prostitution spectaculaire mais un artisanat brillant, sans rien de romantique, imposant son gai savoir.

Un standard déjà revisité et Marc Lonchampt vient à plaisir s'y repositionner. Telle référence reprise est qualifiée issue d'excellents musiciens : nous avons a faire a des gens de métier. Le bonheur du jazz n'est pas burlesque, elle se manifeste dans les délier des doigts et la transsubstantiation de l'être humain, doué de parole et de sentiments, en leurs instruments. Un problème d'enceinte, momentané, nous a révélé l'aptitude de ces artistes à occuper le silence et c'était très beau à voir, cette attente meublée de notes patientes qui peu à peu sans y prendre garde ne purent faire autre chose que reprendre du service.

En somme ces grands professionnels nous ont parlé de leur jeunesse toujours là en leurs doigts et c'était là le grand moment d'émotion. Au piano, à la guitare, le pathos n'existe pas. C'est de vie musicienne qu'il s'agit.

Fletcher Christian

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